Le neo-retro appliquée au vélo

C’est bien connu, le journalisme mène à tout… à condition d’en sortir. Pourquoi pas jusqu’à un atelier associatif de réparation de vélo où j’exerce comme bénévole. En me faisant parfois plaisir avec des réalisations perso.

Si c’était une voiture, ce serait une nouvelle Fiat 500, ou une New Beatle, ou une Mini fabriquée par BMW. Bref, une mécanique actuelle dans une carrosserie des années 60.

Un air d’années 1960, mais un moyeu sept vitesses et des lumières à led

L’histoire commence quand un adhérent du Maillon Solidaire, fait don à l’atelier d’un cadre de vélo de femme, fraichement repeint. De son accastillage d’origine, ne subsistent qu’un pédalier ouvragé, une sonnette à double cloche et le porte-bagages. Le pédalier « à double tête de gaulois » permetra d’identifier la marque et l’époque : c’est un Motobécane fabriqué entre 1960 et 1965.
Première idée, remettre le vélo en état, ne serait-ce que pour mettre en valeur ce joli pédalier. Une plongée dans les stocks du Maillon Solidaire permettra facilement d’exhumer guidon, selle, leviers de freins et dérailleur d’époque. Un hic cependant : pas l’ombre d’une paire de roues dans le 650B d’origine.
La question fuse dans l’atelier : « T’as essayé avec du 700 ? ». Tiens, non, je n’ai pas essayé mais oui, çà passe. On ne restaure plus, on adapte.

Tant qu’à sortir de la stricte restauration, allons plus loin. Dégottées voici quelques années dans un vide-grenier, une paire de roues avec moyeux Nexus 7 à l’arrière et dynamo à l’avant attendent un cadre pour les accueillir.

Le pédalier à double tête de gaulois permet de dater le vélo

Un essai : ça passe, et c’est même plutôt joli. Hélas, contrairement au pédalier Motobécane, le pignon Nexus est prévu pour une chaîne moderne. Pas au même pas que ses ancêtres des années 1960. Il faudra se résoudre à abandonner le pédalier ouvragé.
Arrivé là, continuons à moderniser. Extraction de l’axe à clavettes et remplacement par un axe carré. Heureux hasard : un Shimano 600 en attente d’affectation possède des cuvettes au même pas que celles de l’ancien axe à clavettes [sur les cadres antérieurs aux années 1970, le boitier de pédalier est fileté à droite des deux côtés]. Avec une paire de manivelles prélevées sur un Peugeot des années 1980, l’affaire est entendue. C’est moins joli que le montage d’origine, mais c’est efficace et robuste.

Reste à monter une paire de garde-boue, un guidon et une selle pour que le vélo soit prêt à rouler. Bien aimable, le moyeux Nexus se laisse commander par une des premières manettes indexées Shimano moins disgracieuse que la poignée tournante.

Dernière touche d’avant-gardisme : des led trouvent place dans un phare et un feu arrière d’époque. Alimentés par la dynamo située dans le moyeu avant, ils permettront d’être vu de loin. Internet ne manquant pas de ressources, il est facile de mettre la main sur les stickers et sigle d’époque qui parachèvent ce vélo néo-rétro. Quant au pédalier, il attend un vélo d’époque pour l’accueillir…